Les réseaux sociaux et les sites d’actualité sont en effervescence depuis l’annonce de changement de gestionnaire des noms de domaine .org : Public Interest Society (PIR), filiale de l’Internet Society, vient d’être vendue à Ethos Capital, une société privée d’investissement spécialisée dans le développement et la transformation des entreprises de l’économie numérique. Etonnamment, cette annonce intervient quelques mois seulement après que l’ICANN ait revu son contrat avec la PIR pour lui octroyer plus de droit et de liberté en matière de tarification.
Le .ORG, extension historique est traditionnellement employé par les associations et organisations à but non lucratif. Ce changement de propriétaire suscite des interrogations auprès de ces organismes qui s’inquiètent sur l’avenir des noms de domaine .ORG en matière de gestion et de tarification.
Quelques informations importantes à prendre en compte :
- Aujourd’hui, plus de 10 millions de noms de domaines sont enregistrés en .ORG. Que va-t-il advenir de cette extension ?
- Depuis 2003, le Public Interest Registry (PIR), une filiale de l’Internet Society, s’occupe de la gestion de l’extension .ORG. Cette filiale avait spécialement été créée à cet effet.
Un nouveau contrat négocié en vue de cette revente ?
Été 2019, un nouveau contrat a été convenu en le PIR & l’ICANN. Pour rappel, l’ICANN est l’autorité de régulation de l’Internet et dont l’une de ses missions est la délégation de la gestion des noms de domaine.
Parmi les modifications de ce contrat, il n’existe plus de limitation sur le prix pour acquérir un .ORG. Dans les précédentes conditions, le PIR avait un prix maximum imposé et pouvait augmenter son tarif de 10% maximum par année. Désormais, cette restriction n’a plus lieu et le PIR peut gérer librement le tarif, sans accord de l’ICANN ou de la communauté du .ORG.
Autre point non négligeable qui a été modifié dans le contrat : le gestionnaire des noms de domaine .ORG peut désormais développer et appliquer des mécanismes de protection des droits sans l’aval de la communauté, ce qui fait craindre un risque de censure selon l’Electronic Frontier Foundation (EFF), une organisation non gouvernementale.
Enfin, le gestionnaire peut mettre en place des processus permettant de suspendre l’utilisation d’un nom de domaine en se basant sur des accusations “d’activités contraires à la loi applicable”. L’EFF redoute des abus de ce processus, notamment de la part de certains acteurs étatiques qui mettent régulièrement en cause des organisations à but non lucratif en affirmant que leurs activités sont illégales.
Que pensent les principaux intéressés ?
Alors que de nombreuses organisations se battaient auprès de l’ICANN pour qu’elle rétablisse des critères plus précis, aucune ne connaissait les intentions de l’Internet Society. Le 13 novembre 2019, cette dernière a annoncé la vente de sa filiale PIR à Ethos Capital, une société privée d’investissement. Le montant de cette transaction, qui doit être conclue au cours du premier trimestre 2020, reste inconnu à ce jour.
Si les parties prenantes dans cette acquisition se veulent rassurantes, les associations et organismes restent pessimistes suite aux diverses annonces effectués par l’Internet Society & Ethos Capital.
Andrew Sullivan, président-directeur général de l’Internet Society, évoque “un partenaire stratégique solide qui comprend les subtilités du secteur des domaines et qui possède l’expertise, l’expérience et les valeurs partagées pour faire progresser les objectifs de .org à l’avenir”. Ethos Capital a assuré vouloir garder l’esprit historique dans la tarification des noms de domaine .ORG.
Du point de vue des organisations, le scepticisme se fait sentir. Si l’Internet Society n’est plus en capacité de s’occuper de la gestion du .ORG, elle aurait dû se tourner vers la communauté des organisations non gouvernementales ainsi que l’ICANN pour lui trouver un remplaçant approprié. Une décision d’autant plus difficile à accepter après le changement de contrat réalisé par l’ICANN.