Le monde ne s’est pas arrêté.
Internet fonctionne encore et personne n’a rien vu.
C’est justement parce que le travail en amont a bien été préparé et aussi parce qu’internet est résilient. Il a une capacité de résistance à tout qui s’affirme au fil du temps, techniquement, par la multiplication des câbles, des fibres et des matériaux redondants.
Il a passé une étape le 30 septembre en termes administratifs. Nous en avions déjà évoqué la genèse, dans ces colonnes, il y a 3 ans. Le gouvernement américain, qui gardait la main sur une des fonctions de l’Icann a décidé, si on lui proposait une solution de remplacement fiable, non-dépendante d’un autre état, de se retirer de la fonction IANA.
En début d’année à Marrakech, la communauté Icann a finalisé sa proposition, l’a envoyée au gouvernement américain, qui a débattu, évalué, et a accepté le fonctionnement proposé. Un ensemble de structures multi acteurs qui se contrôlent et se complètent va désormais gérer l’internet et notamment le contrôle de l’activation des nouvelles extensions (c’est ce que Iana fait, et le gouvernement américain avait un rôle de ‘notaire / validateur’ lors des validations).
Les états resteront représentés, et auront bien sur un poids dans les décisions de l’Icann, mais aucun état ne pourra s’y imposer. De même, les entreprises auront voix au chapitre, ce qui inquiétait d’ailleurs notre ministre du numérique, lorsqu’elle parlait de la privatisation e l’internet. Les registrars et registres auront je l’espère aussi leur mot à dire, après tout, ils sont le collecteur de taxe pour l’Icann auprès des utilisateurs.
Le fonctionnement va désormais passer l’épreuve du feu. Et l’on pourra tester dans les prochains mois si tous les cas étaient prévus. A titre égoïste, nous pouvons aussi savourer le fait que Mathieu Weil, le Directeur Général de l’Afnic, qui a co-présidé une partie des travaux va désormais pouvoir à nouveau se consacrer pleinement à la gestion de l’Afnic (en pleine période d’appel d’offres). Derrière lui, ce sont également des dizaines de personnes qui ont œuvré dans l’ombre, pour ce que la communauté internet a de plus positif : créer un nouveau système de gestion collective.
Ne tombons pas dans l’utopie béate, mais savourons ce dépoussiérage, le fait que l’Internet ne sera pas géré par l’ONU (histoire de lui garder un rythme de marche en phase avec la technologie) et également que les quelques sénateurs américains qui ont essayé de faire capoter la Transition aient échoué à se montrer crédibles lorsqu’ils annonçaient que l’internet libre devait rester sous contrôle américain.
World Company ou collectif coopératif?
Icann, surprends nous.