Article rédigé par Guillaume Pahud*
Les .marques : une innovation de rupture
Une révolution encore assez silencieuse est en train de se produire. Alors que les noms de domaine en .com ou .fr saturent, de nombreuses organisations ont eu la possibilité de personnaliser leur extension, ou plus exactement leur nom de domaine de deuxième niveau. En effet, l’émergence des nouvelles extensions permet de mieux cibler l’entreprise ou son activité : ouvertes et génériques (.maison, .moi, .photo), des controversés (.vin), ou géographique (.paris ou .alsace).
Près de la moitié des dossiers de candidatures pour ces extensions étaient en revanche de type « .marque ». Selon Interbrand, 9 des 10 plus grandes marques internationales font partie des porteurs de projet de type « .marque » : Apple, Google, Microsoft, IBM, Toyota, Samsung, General Electrics, Mac Donalds et Amazon.
Ces projets vont bien au-delà d’une simple convention de nommage. Ils sont l’opportunité de repenser l’organisation et la structure des sites web et la communication auprès des clients et/ou internautes. En effet, une entreprise, titulaire de son « .marque », pourra créer une multitude de domaines ciblés sur un besoin spécifique.
Prenons l’exemple du mini-site de l’assureur MMA sur la prévention routière zerotracas.mma, reprenant leur fameux slogan de campagne. Les contenus web se sont multipliés au fil des ans, et il est fréquent que les sites atteignent désormais les 10 000 pages. Les nouveaux noms de domaine de type « .marque » offrent la possibilité d’avoir une approche complètement novatrice des sites, allégeant son contenu et communiquant auprès d’une clientèle ciblée. Mais cette révolution demande une remise en cause d’un certain nombre de pratiques, souvent complexe et risquée : autant de terrains où la France a de nombreux atouts.
Avantage français
Concernant le dépôt des dossiers de « .marque » (on parle aussi de corpTLD), les marques françaises ont initialement répondu présent à la hauteur de leur poids économique: sur les 569 demandes en cours, 23 sont françaises, soit 4%. Paradoxalement, ce pourcentage équivaut à la représentation de la France dans l’économie mondiale.
En revanche, dans la lignée d’une longue tradition d’innovation française – de la machine à calculer en 1642, l’avion de Clément Ader en 1897, la carte à puce en 1972 – les sociétés françaises sont les plus avancées dans l’utilisation effective des « .marque ».
Rapportannuel.axa a été l’un des tout premiers sites de « .marque à être lancé », et ce dès 2014, même s’il n’est plus actif aujourd’hui.
Près de la moitié des domaines créés en « .marque » – comme fashion.lancaster – ont été créés par des marques françaises : 2295 sur 4312 au total soit 53%. Cette domination est renforcée par le projet de MMA qui a lancé 1731 domaines, dont la plupart correspondent à ses agences sur le territoire français : lourdes.mma
MMA n’est pas le seul projet remarquable, puisque sur les 84 marques actives ayant créé un site et pas de simples redirections vers leur site principal, 9 sont Françaises – 10%. Ces 84 marques ont créé 438 sites, dont 69 par des marques françaises, soit près de 16%.
Le premier site e-commerce en .marque est sport.leclerc qui est aussi français. Le site équitable.aquarelle montre une collection de bouquets labellisés Fairtrade, mais le processus e-commerce a ensuite lieu sur le site aquarelle.com.
Selon le classement établi par Alexa, le site le plus visité en tant que « .marque » est celui de la banque BNP Paribas : mabanque.bnpparibas. Sur les 10 sites « .marque » les plus populaires, on retrouve deux marques françaises : parapharmacie.leclerc et mabanque.bnpparibas
BNP Paribas, après avoir été le premier site de banque en ligne sur les nouveaux noms de domaines, est également la première marque à lancer des campagnes de communication mentionnant le .bnpparibas.
Source : http://www.llllitl.fr/
Un bon départ – quelle suite ?
Les entreprises françaises ont saisi l’opportunité initiale du « .marque ». Dans ce paysage encore inconnu, les premières expériences sont importantes et structurantes pour tout le monde. Les moteurs de recherche regardent ce que font les pionniers, et quels succès ils rencontrent afin de déterminer comment positionner ces « .marque » par rapport aux autres domaines.
Souhaitons donc que ces marques continuent de montrer le chemin et donne à la France un savoir-faire dans ces nouveaux noms de domaines de marque !
(*) A propos de l’auteur :
Guillaume Pahud a co-fondé Dot Stories, qui accompagne les démarches d’activation du point marque. Cet accompagnement comprend 3 piliers :
- Une analyse et étude concurrentielle, qui permet de savoir et de comprendre ce que font les marques actives, afin d’initier la réflexion ou de benchmarker les objectifs.
- Un conseil en stratégie d’activation et en tactique de lancement
- Un outil de publication de contenu et d’analytique dédié au point marque.